Justify my Love
A l'heure où l'on parle beaucoup de la sortie du DVD du Confessions Tour, je voulais revenir sur mon concert préféré de Madonna à ce jour: le Girlie Show de 1993. Alors qu'à cette éopque, les "méga tournées" étaient plutôt rares Madonna nous a offert une illustration grandiose et à la fois très personnelle de son album Erotica (également un de mes préférés) avec des tableaux et des scènes largement inspirés de la culture européenne (d'où son incompréhension au USA), en revisitant la plupart de ses chansons. Et si je ne devais retenir qu'une prestation, elle serait donc issue du Girlie Show et ce serait "Justify my Love", qu'elle n'a d'ailleurs plus jamais rejoué en concert depuis.
Ce tableau, qui arrive en toute fin de spéctacle, fait apparaître Madonna et sa troupe dans les plus beaux costumes jamais réalisés pour elle (excepté peut-être ceux de Marie-Antoinette sur Vogue aux MTV awards). Je me souviens, la scène et l'auditoire étaient plongés dans le noir depuis un moment. On imagine que le rappel va venir mais on ne sait pas ce qui va arriver, ni quelle chanson elle va chanter. S'èlève alors une musique étrange, digne d'un film à suspsens, qu'on n'identifie à rien. Madonna sort du sol habillée en haut de forme et veston dans un décor de jeux d'échecs, tandis que les personnages, habillés de costumes magnifiques crées par JP Gaultier, se mettent en place autour d'elle, telle une cour libertine qui se toise et se séduit dans une recherche évidente et vaine(?) de plaisir.
"Justify My Love", video from The Girlie Show :
Le tableau, à mi chemin entre la réinterprétation de "Victor-Victoria" et de "My Fair Lady", continue de nous suprendre lorsque la mélodie s'accélère et que la troupe nous invite à un pas de French Can Can diabolique. Les protagonistes quittent la scène au fur et à mesure laissant Madonna seule avec la musique mortatuaire du départ. Madonna nous tourne le dos et quitte la scène par la toile en damier, tourne la tête une dernière fois la tête vers nous et nous regarde, tel un être vivant redevenu un automtate sans puslions, et disparaît. On entend un "So now what? What are you gonna do?" adressé au public depuis les backstages qui clôt définitivement le tableau.
Oui... et nous? Allons nous rester des automates ou nous donner la chance de vivre, au delà des clichés que nous imposent nos sociétés? Car l'album Erotica, globalement incompris, et surtout son interprétation pour le Girlie Show, était sans doute le plus visionnaire ou chargé de messages: l'amour interracial et le racisme ("Why's it so hard?"), le Sida et la mort ("In this life"), l'homosexualité, mais aussi l'affirmation de soi (dans un tableau disco très réussi de "Express Yourself" et "Deeper & Deeper" avec une perruque affro blonde), son interprétation de "Like a Virgin" façon Marlène Dietrich (avec un accent allemand très réussi), sans oublier notre côté "Jean qui rit et Jean qui pleure" grâce à cette marionnette omniprésente tout le long du spectacle et qui donnera une dimension très poetique à l'ensemble. Malheureusement, la video du concert ne restitue pas cette ambiance "clownesque" qui était pourtant très sensible dans la salle. Même si aujourd'hui les moyens sont plus grands, ce Girlie Show jettera les fondations pour tous ces autres concerts et restera, pour moi, le plus humain et le plus réussi (en tant que spectateur en tout cas).
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